AVRIL 1691.                               149
courir, qu'il entretiendrait à ses dépens; et de leur envoyer quinze mille écus de son épargne, pour sub­venir aux nécessités de cette ville autant de temps qu'il le jugeroit à propos.
En la fin de ce mois cette bulle étoit déjà en France, et avoit été présentée au duc de Mayenne par le nonce Marcellin Andriano, referendaire de la cour de Rome, qui étoit arrivé inopinément à Rheims. Avec cette bulle il a parti encore deux monitoires, Tun pour les pré­lats et ecclesiastiques, et l'autre pour la noblesse, la justice et le peuple. Par le premier, tous les eccle­siastiques sont excommuniés si dans quinze jours ils ne se retiroicnt de l'obeissance, de la suite et des terres d'Henry de Bourbon; et à faute d'obéir dans les quinze autres jours, les privoit de leurs benefices. Par le se­cond, il invite les nobles, les gens de justice et le peu­ple de se retirer de l'obéissance dudit roi de Navarre: sinon qu'il tournerait sa bonté paternelle en sévérité de juge; et dans tous les deux il déclare le Roy excom­munié , relaps, et comme tel déchû de tous ses royau­mes et seigneuries.
Le duc de Mayenne prévoyant les troubles que ces monitoires alloient causer, et le peu de fruit qu'il en retirerait pour ses intérêts, sollicita le nonce d'en sus­pendre la publication, et d'attendre un autre temps plus favorable. Landriano lui exposa les ordres exprès du Pape, lesquels ne lui permettoient pas de suspen­dre la publication de ses lettres monitoriales; il les fit donc publier. Lorsqu'elles furent connues à Paris, au­cuns ecclesiastiques en furent scandalisés, bien qu'ils fussent très-affectionnés à la Ligue; et ils dirent qUc Ie Pape devoit encourager plutot ceux qui residoient
Digitized by